Un imagier pour le King… #6. La vache

(Le préambule est ici)

Dans ma famille paternelle, pour ce qui est des Arts-plastiques, mon père incarne un peu la figure du Commandeur…

(et vas-y que j’te colle une comparaison d’intello, Don Giovanni sors de ce corps !…).

Il faut dire qu’en plus de leur avoir consacré une part de son cursus universitaire à un moment de sa vie, plus ou moins TOUT le reste de sa vie est pétri de ses pratiques artistiques… Allez jeter un œil chez lui, vous comprendrez assez vite (clic)… Pas un recoin de sa maison, de son jardin ni de ses fringues (que ma belle-mère essaie régulièrement de sauver de la tache de peinture fatale) ou de sa tête (ni de la nôtre du coup…) n’y échappe 😉 …

Et pour être honnête, hormis les petits qui se jouent des étiquettes, on m’a beaucoup posé la question, plus ou moins directement ou discrètement, l’air de pas y toucher… « et Gérard, il fait quoi? » « Papa, c’est comment ce qu’il a fait? »… La pression quoi…

Ce à quoi je répondais avec quelques variantes… « Ben en fait, c’est un peu déstabilisant… il a joué le jeu… il a respecté les codes, il m’a fait des animaux pour un VRAI imagier, du neutre et bien cadré… »… et là, scepticisme général… il faut dire la vérité : on n’est pas habitué à ce que Papi Gégé respecte les consignes…

Alors oui, même si on reconnait son style entre mille, la vache de mon papa est très sage et posée, voire distinguée, rien d’anormal dans un monde normal finalement… Il a même dégainé sa plus belle écriture d’instituteur à la retraite pour l’occasion !

La première surprise passée, je me suis mise au boulot.

J’ai très vite été très satisfaite de mon association avec le tissu du fond qui reprenait exactement les couleurs de la vache (une ancienne chemisette de Mattis et Noé, taille 10 ans), mais après, il m’a un peu coincé ce fond… je ne trouvais pas grand chose pour aller dessus.

J’ai fini par sacrifier la lisibilité pour la cohérence des couleurs et des motifs, de toutes façons, on sait que c’est la sienne… (et en plissant les yeux on arrive à lire 😉 ). Inspirée par notre festival de jazz autochtone (clic), qui battait son plein au moment où je l’ai cousue, j’ai eu envie d’une fête champêtre, d’une guinguette à flonflons.

Je me souviens parfaitement d’une affiche que mon père avait dessinée pour ce festival, il y a très longtemps. Et même si cette fièvre musicale qui saisit la ville de mon enfance tous les ans au mois de mai n’a plus rien de la fête rurale de ses débuts (presque mon âge quand-même !). C’est vraiment à cette ambiance que je pensais en cousant cette guirlande de fanions (de simples triangles, d’abord brodés à la main, puis doublés et fixés par un point de bourdon à la machine…). (Je me répète, je pars vite et loin dans ma tête…)

Le grelot c’est son instrument de musique… et même si je n’ai jamais vu de vache normande avec une cloche au cou, l’idée ne me choque pas trop. Et zou, ce livre ne sera pas que tactile, il sera sonore aussi ! (par contre, pour trouver un grelot correct j’ai quand-même dû acheter un collier pour chat dans une solderie et le désosser… le collier, pas le chat…). Inutile de préciser que j’ai vraiment sécurisé les attaches du grelot.

Pour le dos, vous imaginez facilement que tout ce que j’ai trouvé avec des vaches était kitch et moche, alors j’ai préféré lui donner un beau verger. De toutes façons, croyez-moi sur parole, c’est une vrai normande qui vous parle… une vache ça se trouve forcément sous un pommier !

Arthur arrive trop tard pour connaître le rituel d’aller chercher le troupeau le soir, au son des « tah thu, tah thu! » de son arrière-grand-père, pour ensuite s’assoupir dans les bruits ronronnants de la salle de traite et les odeurs un peu fortes de lait chaud… Mais cette part de mon enfance est bien là, dans ce dessin, et dans une grande partie de l’ADN de cette famille (et n’en parlez pas à Marjolaine, qui les aimait tellement ses « Meuh-meuh » qu’un de nos oncles lui avait fabriqué un pendentif avec une corne…), allez Arthur, demande à Papi Gégé, il te racontera les vaches…

Demain, direction la savane… le Lion de Jude !

 

 

Enregistrer

Enregistrer

Enregistrer

Enregistrer

Enregistrer

Enregistrer

Enregistrer

  • Twitter
  • RSS

4 Réponses sur “ Un imagier pour le King… #6. La vache”

  1. Marjo dit :

    De mémoire, ça sentait plus la bouse que le lait chaud. Mais je suis très émue quand même.

    • clarôuche dit :

      Non pas la bouse ! Je suis pas d’accord ! Moi je garde vraiment cette odeur un peu acide du lait qui arrive dans le tank (un truc fort et un peu écoeurant). Par contre, moi aussi ça m’à émue de penser que nous étions les seules à avoir connu ça vraiment… c’est très étrange et un peu nouveau pour moi de penser que je peux raconter une époque que les moins de 20 ans ne peuvent pas connaître…

  2. Marjo dit :

    Et oui, ma chérie, et même les moins de trente ans!

Laisser un commentaire sur clarôuche