Inconsciente que je suis, c’est un vrai challenge tricotesque que je me suis lancée.
Tout y était pour me faire frémir : un gilet pour moi (= grand) en bottom-up, du jacquart, magic loop pour les manches, des rangs raccourcis avec wrap and turn, un montage en I-Cord, un steek, un patron en anglais (finalement pas si criptique que ça avec un bon dico), le tout aux aiguilles du 3.5 dans une laine de stock mais qui ne se fait plus et dont j’avais pile-poil la quantité recommandée…
Et bien il faut croire que ce brin de masochisme m’a réussi parce que je n’ai jamais réalisé un ouvrage aussi vite, et avec autant de plaisir (L’artichaut m’avait tout autant plu mais m’avait pris plus de temps alors qu’il est beaucoup beaucoup plus petit…).
Place aux détails :
Fiche technique:
Modèle : Cityscape de Laura Chau, une petite tuerie ! Enfin moi j’aime énormément ce côté résolument moderne du motif associé à une technique traditionnelle islandaise… gros kif
Le modèle est très clair (si j’ai compris…), très précis : la quantité de fil recommandée était exacte et les mesures données aussi (avec un échantillon impeccable bien entendu). Les manches sont bien longues pour tenir chaud mais suffisamment étroites pour ne pas tremper dans la soupe, le corps, joliment cintré, tombe assez bas pour couvrir les reins.
Quel doux plaisir narcissique cette impression que le modèle a été conçu pour soi !
Laines : « Cool Wool Seta » coloris 4 de chez Lana Grossa pour le bleu, à priori j’avais sorti un fil de choix pour un modèle ambitieux. Le fil a un très beau tombé, à la fois lourd et souple. Il est très brillant (probablement grâce à la soie). Par contre grosse déception, je n’ai porté ce gilet qu’une journée et il est déjà un peu bouloché, j’espère que le phénomène ne s’amplifiera pas.
Le jaune-moutarde est de la « Pénélope » coloris Lichen de chez De Rerum Natura, juste magnifique, tout à fait à la hauteur de la mérino-soie… même sans la soie…
Galon : Biais maison en Liberty Capel bleu-roi un peu long à coudre à la main pour de belles finitions, mais le résultat vaut bien ce petit effort. Les petits boutons viennent de la mercerie d’à côté.
Modifications : très peu, probablement du à la peur de ne pas capter toutes les subtilités de l’anglais je suis restée fidèle au pas à pas. Je me suis tout juste enhardie à tricoter la partie cachée de ma bande de boutonnage en jaune, au lieu du bleu comme en vis à vis, sans regrets. Par contre je n’ai pas fermé le dessous des manches en grafting comme prévu mais avec 3 aiguilles, et là je regrette franchement mon initiative, je me suis retrouvée avec des trous vraiment très disgracieux et difficiles à masquer, mais bon, je ne vis pas les bras en l’air…
Voilà, j’ai fait le tour du propriétaire je crois…
Edit du 25/04 :
Incroyable mais vrai, alors que je n’avais même pas osé avouer que je participais au concours « Cocooning » de Thread & Needles, voilà que j’en emporte un prix !!!
J’en suis extrêmement touchée, vraiment (surtout au vu des autres participations dont certaines sont vraiment impressionnantes).
Une petite revanche aussi (attention, je balance), parce que si vous aviez vu la tête de mes bêtes-ados-de-fils et de leur bête-papa quand je leur ai dit que je voulais participer à un concours de tricot, entre incrédulité hilare et consternation profonde… j’ai juste eu droit à des bêtes-vannes pour 15 jours. Et je ne jurerais pas qu’à la lecture de ces lignes ma sœurette ne soit pas des plus circonspectes
(genre : « donc, il existerait, dans une autre dimension, des concours de tricot… ailleurs que dans les fêtes de village des îles Shetland, entre le lancé de tronc et le saut de rocher… conceptuel… », je précise au passage que la dite sœur fait ses ourlets au scotch et lave le pure alpaga à la machine, à 60C°…)…*
Bref, rien que pour ça, ça fait du bien !!!…
Plus sérieusement, je remercie sincèrement le jury, d’autant que, sans en connaître aucun membre personnellement, je les respecte toutes beaucoup pour ce qu’elles apportent au pimpant et vivifiant T&N. Un peu d’audace et d’ouverture dans le curieux monde des blogs (dont je fait partie, probablement au moins aussi nombriliste et mouton de Panurge que les autres…) ! Merci aussi de tout coeur à Solenn** et Gwenola.
J’en ai le rose aux joues.
Merci !
* Il n’y a bien sûr aucun lien direct entre ces petites mesquineries et le fait que l’alpaga ratatiné ait été tricoté avec amour par mes blanches mains, et je ne parle même pas du trendy châle perdu, parce que là, je crois qu’elle en est encore plus malade que moi…
** Je ne redirai pas ici tout ce que j’aime dans le travail de Solenn, il faut que je garde un peu de dignité… 😉
